jeudi 26 septembre 2019

Le miel est plus doux que le sang: agréable ludisme

Le miel est plus doux que le sang, titre inspiré d'un tableau de Dalí, est une oeuvre évocatrice de la naissance d'un trio d'artistes qui marquera l'art mondial. Un spectacle ludique et agréable où le plaisir transpire à chaque scène.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Synopsis (tiré du site web du Périscope)
En ouverture de saison, le Périscope souligne le 30e anniversaire du Théâtre Sortie de Secours. Pour l’occasion, la compagnie fait renaître son succès retentissant Le Miel est plus doux que le sang , un spectacle baignant dans l’atmosphère unique du Madrid des années 20. À travers l’amitié de jeunesse – profonde, intense et parfois trouble – liant les trois plus grands artistes que l’Espagne ait offerts au vingtième siècle, cette comédie fantaisiste nous fait rêver à tous les possibles.

L’action se déroule de 1919 à 1923. On y suit la rencontre explosive du jeune Salvador Dalí avec Federico García Lorca, futur poète et dramaturge, et le cinéaste en devenir Luis Buñuel. Dans une Espagne en proie à un vent d’anarchie et d’agitation, les trois génies en gestation font la rencontre de leur muse, Lolita, un personnage fictif et surréaliste. Cette chanteuse de cabaret marque les trois protagonistes qui décident alors de refaire le monde à leur manière.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon
Agréable ludisme
Oeuvre de jeunesse du Théâtre Sortie de Secours Le miel est plus doux que le sang est un spectacle sur et par la jeunesse. Parfois malhabile, parfois superbe, il a toutes les qualités et les défauts de la jeunesse. Les qualités y sont cependant nombreuses et le plaisir transpire à chaque scène: la joie de vivre de la jeunesse, le plaisir que procurent certaines jouissances, les rencontres marquantes qui forgent les êtres en devenir que seront García LorcaBuñuel et Dalí.

Le départ est, peut-être un peu lent, l'ensemble évoque un peu trop subtilement les oeuvres et les citations de ces trois monstres sacrés et le tout semble, par moments, un peu décousu, mais n'est-ce pas là la nature même de la jeunesse? C'est à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse du Miel est plus doux que le sang. Mais c'est ce qui fait son charme.

Philippe Soldevila, à la mise en scène, transpose superbement l'ambiance folle des années 20. Celle d'une Espagne qui s'offre des folies à l'aube d'une dictature et au crépuscule d'une guerre qui fut terrible et à l'aube d'une autre qui le sera tout autant.

L'ambiance est au plaisir sous toutes ses formes et aux rencontres marquantes. La merveilleuse musique d'Antoine Breton,au piano et à la guitare,  enrobe magnifiquement ce spectacle. La guitare, superbe évocation de l'Espagne, et la vigoureuse prestation de Flamenco de Karine Parisé, envoûtent les spectateurs.

Quelques clins d'oeil aux années 20 et aux oeuvres des artistes émergent ici et là. Parmi celles-ci mentionnons la scène du seau d'eau, bel hommage au cinéma muet et à la comédie slapstick, typique à ce cinéma. Agréable moment qui déclenche les rires du public.

Crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Le miel est plus doux que le sang est une virée intimiste alors que les trois artistes se rencontrent dans une résidence étudiante. À cette rencontre qui s'est réellement produite, d'ailleurs l'oeuvre de Dalí à l'origine du titre de la pièce ferait référence à cette fréquentation, s'ajoute une rencontre fictive avec une chanteuse de cabaret. Cette touche fictionnelle sert de bougie d'allumage à une réflexion, souvent légère, sur l'art, l'orientation sexuelle ou encore sur les carrières en devenir des trois monstres sacrés.

Parmi les prestations, soulignons celles de Gabriel Cloutier Tremblay fort juste et nuancée de son Federico García Lorca, Savina Figueras, malgré quelques accrochages linguistiques, propose une Lolita irrésistible alors que Vincent Legault est un Dalí merveilleusement déjanté et qu'Élie St-Cyr dépeint superbement la force brute et l'instinct animal de Buñuel.

Le miel est plus doux que le sang séduira à coup sûr les plus jeunes, les moins jeunes y découvriront  avec plaisir ces trois monstres sacrés avant qu'ils ne deviennent des icônes et un regard intéressant sur les genèses probables des naissances artistiques de García LorcaBuñuel et Dalí.

Allez-y surtout si vous aimez: le ludisme, découvrir la naissance d'artistes, les oeuvres de jeunesse.

Jusqu'au 5 octobre au Périscope. Avec Gabriel Cloutier Tremblay,  Savina Figueras, Vincent Legault, Karine Parisé,  Élie St-Cyr et Antoine Breton. Un texte de Simone Chartrand et Philippe Soldevila. Une mise en scène de Philippe Soldevila.

Bon théâtre et bonne danse!
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