jeudi 3 juin 2021

BOOM X: un spectacle qui rocke!

 Vous avez envie de vous de vous offrir du théâtre, un jukebox aux rythmes endiablés et une confession autobiographique débridée et tout ça en un seul spectacle? Alors BOOM X est un incontournable qui vous fera vibrer intensément!

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Irina Litvinenko

Synopsis (tiré du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
Qu’ont en commun Pierre Elliott Trudeau, The Who, René Lévesque, Bob Marley, U2, Richard Nixon, Guns N’ Roses, Margaret Thatcher, Nirvana et Public Enemy? Ils ont tous marqué les années 1970-1995, et se retrouvent donc personnifiés dans l’époustouflant spectacle BOOM X. Habitué du Carrefour, Rick Miller offre ici la suite de BOOM, qui s’attardait aux baby-boomers, pour brosser une rétrospective des figures et événements ayant façonné la génération X – la sienne.

Branché sur le 220, ce remarquable performeur incarne près de 100 personnages dans un feu roulant de vidéos d’archives, d’imitations et de pointes d’humour, le tout émaillé d’informations politiques, culturelles, sociales et sportives. Entre la crise d’Octobre et les deux référendums, le Watergate et l’assassinat de John Lennon, l’arrivée de MTV et celle d’Internet, le départ des Expos et la tuerie de Polytechnique, l’artiste aborde des sujets cruciaux derrière ses prouesses vocales et physiques: racisme, sexisme, homophobie… En filigrane, celui qui a longtemps vécu à Montréal brode quelques fils de sa propre histoire dans la trame de la grande, évoquant le divorce de ses parents et son changement de cap professionnel. Un cabaret multimédia effervescent, mais aussi touchant.

Crédit photo: Irina Litvinenko

Un voyage dans le temps
Si les événements de BOOM, sa précédente production, s'incarnaient grâce à un immense vinyle positionné au centre de la scène, avec BOOM X, ils prennent forme grâce à un trio de rideaux blancs qui servent d'écrans et se transforment en un immense téléviseur, boîte à images de cette génération.

Dans ce spectacle, culture, politique et musique se côtoient pour le plus grand plaisir de la génération X... et des autres générations! Le voyage que propose Rick Miller donne l'impression qu'il offre un voyage dans le temps. Et c'est le cas. Tout ceux qui ont connu cette époque retrouveront des moments du type Je me souviens ou C'était le bon temps. Des moments chaleureux, d'autres un peu moins, les référendums de 80 et 95, ça vous dit quelque chose?

Malheureusement, du maëlstrom d'événements qui défilent à la vitesse de la lumière, il ne ressort qu'un survol, qu'une enfilade de moments où l'émotion peine à se glisser. Techniquement je suis de la génération du baby-boom, mais l'année 70 est celle de mes onze ans alors que 1995 a connu l'adulte de 36 ans que j'étais. J'ai apprécié les différents événements mais il était impossible de revivre ne serait-ce qu'un instant les émotions et les souvenirs des grands moments ou des changements de vie que j'ai connu dans ces années. Tout défilait trop vite. Même les musiques, grands marqueurs de la vie, ne pouvaient raviver des souvenirs alors qu'elles ne s'entendaient que quelques secondes. Comment revivre les bonheurs d'autrefois à ce rythme d'enfer? Comment plonger dans ses souvenirs? Impossible.

Dans ce spectacle, on découvre très peu Rick Miller, l'homme. Ce spectacle est celui de sa génération. Or ici, Rick Miller, l'homme, n'est pas aussi présent qu'attendu. Le spectacle est, à la limite, plutôt impersonnel. Il fait bien quelques incursions au coeur de sa propre vie, mais si peu. Cela surprend. Il tente bien, avec quatre représentants de la génération X qu'il introduit en début de spectacle, de nous faire entrer dans son univers. Mais tout ça est tellement dilué dans le reste du spectacle qu'encore une fois l'émotion n'est pas au rendez-vous. Pourtant, on aimerais découvrir l'homme derrière le performeur. C'est l'histoire de sa génération. C'est son histoire. 

Crédit photo: Irina Litvinenko

Un jukebox musical
Ce deuxième volet de la trilogie BOOM, qui se conclura avec BOOM Z, conserve le même format de base: un tour guidé à la vitesse de la lumière, chaque année a droit à son quatre minutes, à travers les yeux d'un Rick Miller affable et conteur où des projections époustouflantes se superposent à une centaine de personnifications toutes plus surprenantes les unes que les autres.

Et la musique qui vient enrober le tout. Un véritable jukebox musical qui permet de découvrir les talents de chanteurs, musiciens et performeurs de Rick MillerIl se démène, le mot est faible, et offre une performance qui met en évidence le large éventail de son talent.

Le spectacle bien que très dynamique et enivrant manque un peu de direction, c'était déjà palpable dans son précédent opus mais c'est encore plus présent dans celui-ci. Un spectacle qui manque de direction claire et de substance, pour une génération qui n'avait pas les ambitions de la génération précédente ou encore le très fort désir de transformer le monde de celle qui suit. Il y a bien un effort pour tout lier en fin de spectacle mais ça ne fonctionne pas. Ça semble quelque peu plaquer. 

Et puis, à vouloir tout faire et à vouloir frapper l'imaginaire à tout prix avec la technologie, peut-être perd-il le spectateur qui doit être attentif pour ne rien perdre? La question est posée. La performance, pratiquement surhumaine, de Rick Miller impressionne. Il est un véritable caméléon. Il réussit à personnifier magistralement à la fois René Lévesque et... la grenouille Kermit.

Crédit photo: Craig Francis

Une mise en scène efficace
Avec une large panoplie de perruques, vestes, chemises et autres accessoires, Rick Miller personnifie moult personnages. Le choix de la mise en scène limite quelque peu ses mouvements mais elle n'en est pas moins efficace. Les projections, nombreuses, émaillent les 25 années de la génération X de photos et de vidéos d'époque. Une merveilleuse plongée au coeur de l'Histoire. Une magnifique mise en contexte.

Chanteur et musicien accomplis, Rick Miller s'accompagne lui-même à la guitare. Les grands succès musicaux sont nombreux et servent à la fois de lien entre les différentes années et à souligner quelques-uns des principaux événements de l'année qui s'écoule.

Au coeur d'un espace relativement restreint, Rick Miller se démène et offre une performance qui met en évidence le large éventail de son talent. De conteur d'abord. D'interprète, de musicien et de chanteur également. Il est un performeur de grand talent qu'il fait plaisir de découvrir ou redécouvrir. 

Rick Miller a habitué le public du Carrefour à des spectacles enivrants et divertissants. Le public de Boom X ne sera pas déçu. Un spectacle qui pétarade, va parfois dans plusieurs directions, mais un spectacle qui fait boom. Énergisant et dynamique! 
Un spectacle malgré quelques faiblesses qu'il faut voir. 

Allez-y surtout si vous aimez: la musique qui a bercé la génération X, les spectacles énergisants et qui pétaradent, les conteurs volubiles, les spectacles aux rythmes endiablés, les bêtes de scène, les capsules temporelles.

Jusqu'au 5 juin au Diamant dans le cadre du Carrefour international de théâtre de Québec. Écrit, mis en scène et interprété par Rick Miller.

Vous voulez en savoir plus? Écoutez notre interview en compagnie de Rick Miller ici (vers la 33e minute de l'émission du 31 mai).

Bon théâtre et bonne danse!
Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_Boisclair

Aucun commentaire:

Publier un commentaire