mercredi 28 novembre 2018

Comment je suis devenu musulman: joyeuse culture

Une mise en scène alerte et énergique, des clichés qui se font déconstruire et une tonne de rires font de Comment je suis devenu musulman un spectacle dont on ressort le coeur léger. Du théâtre bonbon, véritable baume sur nos plaies encore béantes lorsqu'il est question de laïcité. Du feel-good théâtre, désolé pour l'anglicisme, comme dirait Manuel Tadros.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Patrick Lamarche
Synopsis (tiré du site web du théâtre)
C’est l’histoire d’un mariage des cultures, dans tous les sens du terme. Jean-François et Mariam attendent un bébé. Ils sont tous les deux Québécois. Lui, catholique non pratiquant et athée. Elle, musulmane non pratiquante, d’origine marocaine. Apprenant cette nouvelle, les parents de la jeune femme désirent que les amoureux se marient sur-le-champ. Le jeune homme acceptera-t-il de se convertir à l’islam? De renier le fait qu’il ne croit en rien? Lui qui vient d’apprendre que les jours de sa mère sont comptés.
Adam
Hey, je m’en fous tellement. Ça serait plus simple pour tout le monde, non?
‘Ga si vous êtes contents, m’a porter des babouches pis dire Allah
une fois de temps en temps, anyway, ça va rien changer à ma vie.

Jean-Pierre 
Quand est-ce qu’on parle de d’ça, de nos religions?
Quand est-ce qu’on voit du monde prier ou pas prier?
Jamais. Je sais même pas en quoi vous croyez
pis on se connaît depuis un méchant boutte. 
Extrait de Comment je suis devenu musulman

Joyeuse culture
Simon Boudreault propose une charmante et agréable rencontre culturelle et religieuse. La culture est joyeuse et ne se prend pas au sérieux. La religion surtout. Les clichés sont passés à la varlopeuse. Les religions en prennent pour leur rhume d'une drôlissime manière. Le ton badin n'enlève rien au sérieux de la chose. Au final, chacun fait des concessions et l'on constate, qu'au fond, nous sommes tous pareils. Les différences ne sont qu'apparences. L'islam et le catholicisme, c'est blanc bonnet, bonnet blanc. À moins que ce soit bonnet blanc, blanc bonnet!


Si la religion occupe une grande place, les valeurs culturelles s'y glissent abondamment. Chaque culture a ses éléments forts mais au bout du compte, c'est l'esprit de fête qui l'emporte. Et la fête est bien présente. Les courtes scènes s'enchaînent rapidement avec des changements instantanés et à vue du décor. De temps morts, il n'y a point. Tout roule dans une joyeuse calvacade. Le rythme est enlevé grâce à une mise en scène qui navigue habilement entre le burlesque et la comédie de situation.

Humour grinçant
La bonne humeur et la bonhommie, un peu légère occasionnellement, pullulent. Les scènes les plus drôles sont certainement celles du Frère André express et du Quiz religieux. Parions que vous ne trouverez pas toutes les bonnes réponses à ce moment drôle et un peu déprimant au jeu des comparaisons des religions.

Le spectacle d'un humour grinçant permet d'aborder les sujets les plus virulents sans attiser la colère des uns ou des autres. Au contraire, l'esprit bon enfant et festif permet de désamorcer les bombes et met de l'avant la franche et honnête discussion. Les idées reçues sont déconstruites et les clichés s'envolent en fumée. La futilité des arguments est mise à nu.

 
D'origines diverses
L'excellente équipe d'acteurs provenant de différentes communautés, dont l'éclatante découverte qu'est Sounia Balha, relève avec brio le pari de la comédie sur un sujet aussi polarisé. Outre Sounia Balha, Benoit Drouin-Germain est également une belle révélation. Les deux forment un magnifique et sympathique couple.

Non seulement les acteurs sont-ils d'origines diverses mais le public également. Il était agréable de voir un public toutes couleurs unies. Une rencontre des cultures et des religions à la fois sur la scène et dans la salle. L'image du Québec d'aujourd'hui, un Québec pluriel réuni pour rire ensemble. Les différences s'effacent. L'unicité sort de l'ombre. Un moment de pur grâce. Merci Simon Boudreault!


Allez-y surtout si vous aimez: le mariage des cultures, voir les clichés se faire déconstruire, les mises en scène énergique, l'autodérision, les apartés au théâtre.

À La Bordée jusqu'au 8 décembre. Avec Sounia Balha, Nabila Ben Youssef, Benoît Drouin-Germain, Michel Laperrière, Marie Michaud et Manuel Tadros. Un texte et une mise en scène de Simon Boudreault.

Vous voulez en savoir plus sur le spectacle? Écoutez notre interview avec Simon Boudreault ici (vers la vingtième minute de l'émission du 19 novembre).

Bon théâtre et bonne danse!

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