vendredi 11 août 2023

L'année théâtrale 2023-2024 du Diamant

L'année théâtrale 2023-2024 du Diamant sera diversifiée et offrira une palette fort intéressante de productions.
Un billet de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Les aiguilles et l'opium, crédit photo: Tristam Kenton

Les dix commandements
Une saison théâtrale qui débutera avec Les dix commandements de Dorothy Dix. La pièce d'UBU Compagnie de création, d'Espace GO et du Théâtre national de La Colline tiendra l'affiche du 5 au 7 octobre. Une occasion rare de voir sur une scène de Québec, Julie Le Breton.

La pièce mise en scène par Denis Marleau a connu un immense succès à sa création la saison dernière au Théâtre ESPACE GO et lors de sa présentation au Théâtre du CNA et au Théâtre de la Colline à Paris.


Le visage d’une femme apparaît dans la pénombre. Une femme qui n’a pas d’âge ou qui aurait tous les âges. C’est peut-être sa conscience qui se fait soudain entendre et qui ne serait pas altérée par le temps.

On comprend peu à peu que la vie de cette femme a traversé le XXe siècle, qu’elle a vu l’avancement de l’émancipation féminine, mais sans qu’elle en jouisse tout à fait. C’est une femme sans destin exceptionnel, qui a fait de son mieux pour bien vivre et être heureuse. D’elle, surgit soudain une voix jamais entendue auparavant, une lame de fond qui réanime autrement certains moments de son existence.

Cette mémoire réactualisée en un souffle déferlant prend appui sur un cadre avec lequel elle avait ordonné sa vie. Ce sont les dix commandements, non pas de Dieu, mais de Dorothy Dix, une chroniqueuse américaine qui dispensait ses recettes et conseils de bonheur dans le journal. Les dix commandements pour être heureuse de Dorothy Dix, qui ont été en quelque sorte le guide de vie de cette femme, structurent le texte et donnent la note pour chacune des parties de la pièce, telle une réminiscence inconsciente devenant le point de départ d’une révolte sourde ou d’un désir inconscient de libérer quelque chose, dans une lucidité inattendue.

Crédit photo: Yanick Macdonald

Un doublé Ex Machina
Suivra du 19 octobre au 19 novembre, Le Projet Riopelle, un spectacle de Robert Lepage sur l’oeuvre et l’histoire du peintre québécois Riopelle et du 4 au 14 avril 2024 Les aiguilles et l'opium, qui mettra en vedette Olivier Normand, en remplacement de Marc Labrèche.

Jean Paul Riopelle est une figure majeure du paysage artistique québécois. Sa vie créative couvre largement la deuxième moitié du XXe siècle. Son œuvre participe à l’avènement de nouvelles écoles. Sa curiosité ignore les frontières entre disciplines et sa technique se réinvente périodiquement. Sa production semble guidée par deux élans fondamentaux: une pulsion créative puissante et continue, et une tendance récurrente à changer radicalement de sources d’inspiration et d’univers.

Le projet Riopelle

Le Projet Riopelle s'intéresse à trois époques de la vie et l'oeuvre du peintre. De 1944 à 1960, les premières influences picturales de Riopelle, ses amitiés à l’École du meuble de Montréal avec les futurs signataires du Refus global, sa transition vers la France et les relations qu’il y développe avec André Breton, Joan Miró ou Samuel Beckett, son succès grandissant, sa rencontre déterminante avec Joan Mitchell et les incursions auprès de l’avant-garde artistique new-yorkaise qui s’ensuivent.

La relation à la fois féconde et agitée de Mitchell et Riopelle est la toile de fond de la période 1960-1980. Les visions créatives se nourrissent mutuellement, les références culturelles s’entrechoquent, les élans passionnels mènent à la fusion aussi bien qu’à la rupture. Graduellement, le retour de Riopelle au Québec s’esquisse. Son amitié naissante avec Champlain Charest y contribue.

Ancrées à L’Isle-aux-Grues, au cœur du fleuve Saint-Laurent, les années 1986 à 1993 témoignent de l’intérêt de plus en plus marqué de Riopelle pour des représentations plus ou moins figuratives de la nature québécoise. Sa nouvelle compagne, Huguette Vachon, l’assiste de mille façons, et d’autant plus que l’âge impose à l’artiste de nouvelles techniques de création. Ces approches parfois inédites trouvent leur apothéose dans L’Hommage à Rosa Luxembourg, qui célèbre le souvenir de Joan Mitchell, décédée en 1992.

Crédit photo: Danny Taillon

Les Aiguilles et l’Opium est une méditation sur l’art, l’amour et la dépendance, un collage de moments où le temps et la force gravitationnelle semblent suspendus, une immersion dans une toile d’Escher sans haut ni bas, un numéro d’illusionnisme aussi fascinant qu’étrange.

Les aiguilles et l'opium

Une nuit de 1949, dans l’avion qui le ramène en France, Jean Cocteau écrit sa Lettre aux Américains, où se mêlent fascination et désenchantement : il vient de découvrir New York, où il est allé présenter son dernier long-métrage, L’Aigle à deux têtes.

À la même époque, Miles Davis visite Paris pour la première fois, apportant le be-bop dans ses bagages. Les jazzophiles parisiens lui font la fête et, le temps d’une chanson, Je suis comme je suis, Juliette Greco lui ouvre ses bras.

Quarante ans plus tard, Hôtel de La Louisiane, à Paris, un Québécois esseulé tente d’oublier son ex. Ses tourments affectifs trouvent de lointains échos dans la dépendance de Cocteau à l’opium et dans celle de Davis à l’héroïne. S’amorce un spectaculaire sevrage où les mots du prince des poètes et les notes bleutées du jazzman accompagnent un saut dans le vide : celui d’un homme désespéré qui plonge en lui-même pour s’arracher à la douleur, et se libérer de la dépendance amoureuse.

Crédit photo: Tristam Kenton

Un roi du ring en fin de saison 2024
Créé au Quat’sous, M’appelle Mohamed Ali sera présenté du 25 au 27 avril 2024. Une coproduction du Théâtre de La Sentinelle, le Théâtre de Quat’ Sous et le FTA. De l’auteur congolais Dieudonné Niangouna et des cometteurs en scène Philippe Racine et Tatiana Zinga Botao.


La vie de Mohamed Ali, icône culturelle des années 1960 et grand champion du monde de la boxe, a très vite été ponctuée de combats politiques contre la ségrégation raciale. Le Théâtre de La Sentinelle lui rend hommage et étudie en profondeur la condition de l’acteur noir. En s’emparant du théâtre politique d’une des grandes voix de l’Afrique francophone, l’auteur congolais Dieudonné Niangouna, les cometteurs en scène Philippe Racine et Tatiana Zinga Botao offrent cette partition à un oratorio composé de neuf acteurs afrodescendant·e·s de Montréal.

Avec Ali, d’hier à aujourd’hui, de l’Afrique à l’Amérique, La Sentinelle s’interroge sur la valeur de l’existence, la résistance, la foi en soi, la complémentarité des êtres, la collectivité, la combativité et le franchissement des limites. Être Africain et en faire le choix – si l’on peut – ; en porter l’identité fièrement comme on porterait un drapeau ; accomplir un acte de résistance personnel ou collectif sans se départir d’une grande ironie. Ces hommes noirs vont ainsi au combat. Ils convoquent la multitude pour une lutte partagée. Le tout, avec la plus grande des dignités.

Crédit photo: Yanick Macdonald

Pour en savoir plus, c'est ici.

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
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