jeudi 1 février 2024

Cube magique (Critique: Karl)

  Des tangrams qui se font la malle dans un spectacle à l'humour bon enfant tiennent l'affiche des Gros Becs pour quelques jours seulement.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


La pièce en quelques mots
Karl est un petit bonhomme composé de sept pièces géométriques indisciplinées. Vivant au beau milieu de l’océan, il garde ses petits bouts de lui bien à leur place, en sécurité. Mais Bô, l’une de ses parcelles, est différente. Bô s’imagine un monde de possibilités rempli d’aventures extraordinaires… jusqu’à se propulser hors de son tangram. Que faire lorsqu’une petite partie de nous manque à l’appel?

Karl est un spectacle où deux marionnettistes manipulent avec soin et précision les petits morceaux de bois qui constituent le tangram. Devant cette toile illuminée, les formes s’animent et un monde fantastique naît devant les yeux du public. Au fil de ce voyage, un petit bonhomme grandit et est confronté à la vie, dans sa beauté et ses défis. Une image forte qui trouve ancrage en chacun d’entre nous.

Karl s'adresse aux 3 à 6 ans et est à l'affiche jusqu'au 6 février.

Petit bijou d'ingéniosité
Sur une scène dénudée, seul un cube au format géant y trône au centre. Les tout-petits s'asseyent à un jet de pierre de ce cube illuminé, au centre duquel une toile servira d'écran où le tangram se déploiera, se modifiera, se transformera et, surtout, émerveillera tous et chacun.

La magie de ce spectacle se situe bien là. Dans cette transformation inédite et surprenante de petits blocs de bois. Ils ont la forme triangulaire. Quelques-uns sont carrés ou en losange. Ils forment d'abord un phare puis apparaît Karl composé lui aussi de pièces de bois. Soudain, Karl s'anime. Les sept pièces qui le composent se détachent les unes des autres. Le personnage prend toutes sortes d'allures. Jusqu'au jour où Bô, une des sept pièces, décide de quitter Karl pour explorer le monde. Faire sa vie en quelque sorte.

Les transformations sont magiques. En trois ou quatre coups de baguettes magiques, les marionnettistes manipulatrices, elles sont à l'intérieur de l'immense cube, et transforment l'univers proposé aux enfants. Un palmier, un croissant de lune, des animaux marins et toutes sortes de formes apparaissent comme par magie. Les enfants sont subjugués et les adultes aussi. Les tout-petits savent bien que ce sont les marionnettistes qui manipulent les pièces car elles s'étaient présentées au tout début du spectacle et avaient indiquées qu'elles seraient dans l'immense cube pour animer l'écran. Mais la magie opère.

Humour sans paroles
Il y a bien peu de paroles dans cette histoire, pas banale du tout. Peu ou prou de paroles, un personnage qui se déconstruit et se construit à chaque seconde ou presque, c'est tout sauf banal. Et puis cette quête de liberté d'un septième d'un petit bonhomme n'arrange en rien l'aspect banal de la chose.

Mais ce sans paroles, qui est aussi un sans fautes théâtralement parlant, n'en est pas moins drôles. Les onomatopées et les sons sont d'un humour irrésistible. Ils supportent merveilleusement bien l'histoire tout en étant très justement décalés, ce qui rend la chose fort réjouissante. L'adulte que je suis n'a pas résisté bien longtemps aux aventures, rocambolesques certes de ce petit Karl fort sympathique, amusantes et drôles qu'il vivra au cours de la demi-heure que dure le spectacle.


À la recherche de Bô
Cette partie de Karl qui a décidé de se faire la malle propose une pièce qui questionne le sentiment de liberté mais, peut-être plus que tout, la quête de soi. Les choix que l'on doit faire et qui, parfois, sont douloureux. Cela est bien illustré par le départ puis la quête, à travers le monde, qu'il soit marin ou dans le ciel, de ce Bô qui manque aux six autres parties de Karl. Une quête qui constitue un beau conte où le dénouement laisse espérer des jours meilleurs et heureux pour Bô ainsi que pour Karl.

Une très bonne note pour la composition musicale et l'éclairage qui ajoute une dimension vivante à cette belle et douce quête. Le cube baigne ainsi dans un environnement qui ajoute une touche magique à chaque pas, chaque mouvement. Le monde magique des marionnettistes prend vie dans une aura de lumière et de sons qui contribue fortement à l'émerveillement des spectateurs.

Amenez votre tout-petit s'il aime: être émerveiller, rire, presque toucher au spectacle, la rêverie, les tangrams.

Jusqu'au 6 février aux Gros Becs. Avec, en alternance, Nathalie Avril, Lucie Gerbet, Nadège Tard, Laetitia Baranger, Pauline Tanneau et Isabelle Tesson. Une création de Nathalie Avril et Lucie Gerbet. Un regard extérieur de Nadège Tard.

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