jeudi 22 février 2024

Féérique aventure musicale | Critique: Éloi, le hautbois qui avait perdu son La

Un passionnant voyage pour les amoureux de musique et de traversée fantastique est à l'affiche des Gros BecsUne charmante et féérique aventure musicale à voir et entendre jusqu'au 10 mars.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


La pièce en quelques mots
Le matin d’un concert, Éloi, un hautbois lunatique et attachant, s’aperçoit qu’il a perdu son La. Ses autres notes sont là, mais où est passé son La? C’est la catastrophe! On ne peut pas jouer un concert sans toutes ses notes! Pour préserver l’harmonie du groupe, Éloi part à la recherche de la note perdue. Un périple inattendu mené par un instrument à vent, à l’intérieur de la partition musicale.

Quoi?! Et le concert qui approche… Si je n’ai plus mon La, je ne pourrai pas le donner aux autres! Et si je ne peux pas le donner aux autres… Adieu la musique!
Éloi, avec une panique grandissante.

Éloi, le hautbois qui avait perdu son La s'adresse aux 4 à 9 ans et est à l'affiche des Gros Becs jusqu'au 10 mars. Faites vite car les billets s'envolent rapidement. Plusieurs représentations sont déjà complètes.


Do, ré, mi, fa, sol… si, do!
Dans un décor simple, quelques instruments trônent sur scène et un écran transparent est disposé en arrière-scène. Le hautbois, absent à l'arrivée des spectateurs, fera son entrée dans une toute petite mallette qu'une musicienne transporte avec elle. La jolie et féérique aventure pourra débuter dès ce moment.

Le hautbois surmonté d'une jolie paire d'yeux est monté. Et le spectacle débute par une gamme... incomplète! Le La est absent. Le hautbois s'inquiète. Débute alors les aventures d'un hautbois, charmant «aventurier de la note perdu.» Sa pérégrination musicale s'apparente à un conte magnifique où les instruments parlent et se racontent et ont de beaux grands yeux, ce qui parfois crée des personnages loufoques ou drôles. Le bal des émotions peut débuter. Il est partout dans ce spectacle dans la musique, bien sûr, mais aussi dans les sentiments véhiculés par les instruments, personnalisés par deux excellentes musiciennes comédiennes.

Cette recherche du La perdu est un prétexte pour partir à la découverte de nombreux instruments composants un orchestre. Cette quête est drôlement intéressante car elle s'intéresse à des instruments peu connus ou auxquels on ne pensent pas instinctivement lorsque le mot orchestre nous vient à l'esprit. Oubliez les violons, les trompettes ou les guitares et dites bonjour au triangle, au xylophone, cet ami de certaines de vos sonneries de téléphone, à la contrebasse ou encore au cor français.

L'aventure est parsemée de rencontres où les instruments ont des noms forts drôles, empruntent des formes inattendues, prennent vie sur scène ou encore derrière cet écran transparent en arrière-scène. Écran qui se transforme en théâtre d'ombres chinoises pour le plus grand plaisir des enfants. Les instruments deviennent des êtres vivants avec leur histoire, leurs inquiétudes et leur désir de retrouver le La et l'harmonie musicale perdue. D'ailleurs que serait le monde sans le La?


Équilibre et justesse
Cette recherche du La perdu est une superbe aventure de découvertes au cœur même de l'univers musical. Le spectacle est une merveilleuse initiation au monde musical pour les petites mais aussi pour les grands. C'est une incursion dans la cheville ouvrière que sont les instruments dans un concert. Concert, d'ailleurs, qui se fait grâce à plusieurs familles d'instruments. Les noms données à chaque instrument soulignent à jolis traits cet esprit de famille qui anime le concert et la relation entre les instruments: Papa Gaston, le basson, Tante Annette, la clarinette ou Fréro Bruno, le piccolo.

Si la quête d'Éloi est celle de retrouver l'harmonie perdue suite à l'absence du La, la mise en scène, l'interprétation et le choix musical, fort varié d'ailleurs, réalisent cette harmonie sur scène. L'harmonie musicale, quant à elle, sera retrouvée car, bien sûr, le La d'Éloi se pointera le bout du nez. D'une belle et surprenante façon et ce, même si les plus perspicaces pouvaient s'en douter.

L'équilibre entre le théâtre, la découverte musicale et l'ambiance festive qui se dégage d'un groupe d'instruments judicieusement sélectionnés, font de ce spectacle un petit bijou. Quarante-cinq minutes qui se laisse dévorer comme on dévore mille chocolateries.

Le plaisir est immense, la joie de découvrir les instruments également. Éloi, le hautbois qui a perdu son La est une merveilleuse façon de tomber en amour avec les instruments d'un orchestre. Je n'entendrai plus le son du cor français, celui de piccolo ou même du triangle de la même manière. Il y a un avant ce spectacle et un après.


De musique et de performances
Ce qui ne gâche rien, bien au contraire, c'est la performance des comédiennes musiciennes, une corniste et une hautboïste. Elles aiment leur instrument et cela paraît. Leur jeu transcende celui du comédien pour donner une personnalité propre à ces instruments qu'elles aiment et maîtrisent fort bien.

Le percussionniste et le contrebassiste ajoutent une chaleureuse touche musicale. Ils agrémentent certains moments de courts extraits musicaux qui rehaussent l'émotion véhiculée à cet instant précis. Sans oublier, bien sûr, leur performance musicale lors des numéros musicaux.

Le choix musical fait le bonheur du jeune public. Quelques têtes battaient d'ailleurs la mesure lorsque j'ai assisté au spectacle, signe que la musique les enchantait. Sans oublier, le public adulte qui retrouve des pièces marquantes de la musique classique. 


Sur le ton de l'humour
Le spectacle est émaillé de blagues qui séduisent les adultes mais qui n'ont que peu d'effets auprès du jeune public. Elles sont d'ailleurs fort nombreuses et, peut-être, qu'un peu de retenue serait souhaitable. Cela n'apporte pratiquement rien au spectacle et suscite à la longue un léger agacement.

De toutes manières, l'humour et l'esprit badin est ailleurs. Dans les personnages, le discours des instruments, la quête loufoque du La et l'esprit légèrement rocambolesque qui donnent à cette production son petit côté féérique, drôle, sympathique, fantastique et, pourquoi pas, un tantinet extravagant.  

Amenez votre tout-petit s'il aime: les péripéties extraordinaires, la musique, la découverte musicale, les mondes féériques, les aventures improbables. 

Jusqu'au 10 mars aux Gros Becs. Avec Valérie Descheneaux (comédienne et hautboïste), Anne-Marie Levasseur (comédienne et corniste), Olivier Maranda (percussionniste) et Pierre-Alexandre Maranda (contrebassiste). Une texte et une mise en scène de Philippe Robert.


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