dimanche 4 février 2024

Machine magique (Critique: Grand-mess')

Machine de cirque propose une polissonne communion où espiègleries et bonheur sont au menu d'un spectacle ludique et déjanté.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Alexandre Caputo/Journal de Québec

Le spectacle en quelques mots
Grand-Mess’, c’est un défilé-spectacle créé sur mesure pour l’église Saint-Charles de Limoilou. Sous les yeux du public se déploie une communauté improbable et ludique qui a fait de l’église sa demeure. Rassemblement chaotique et festif, Grand-Mess’ est une célébration où l’on tente de trouver – de peine et de misère et avec humour –, un sens commun à notre existence absurde. Car la vie est un cortège qui ne s’arrête jamais et qu’on n’a pas choisi de suivre. Elle n’a pas de sens – ou plutôt elle n’en a qu’un seul : par en avant !  

Mess ou messe?
Le spectacle s'offre avec un joli jeu de mots. On fait un clin d'oeil à la grand-messe, comme l'on disait autrefois, ce moment de célébration des catholiques. Il y a en a un autre avec grand mess, sans E cette fois-ci, expression toute québécoise signifiant bordélique ou chaotique. Et c'est à ce fabuleux mélange auquel on a droit. 

C'est une église mais tout, dans ce spectacle, est à la fois chaotique et très organisé avec, bien sûr, un soupçon de religieux. Comme ce petit livret liturgique qui invite le spectateur à répondre aux incantations de la maîtresse de piste juchée dans la chaire de l'ancienne église. De petits mots, que tous en chœur nous sommes invités à répéter. Merci Machine de cirque: le but d'Alain Côte était bon (pour en savoir plus à ce sujet, il faut aller voir le spectacle et consulter le livret liturgique).

Crédit photo: Alexandre Caputo/Journal de Québec

Le spectacle, mais devrais-je parler d'un spectacle, se compose de trois parties que l'on peut combiner à son gré. La première est un parcours déambulatoire, Le chemin de quoi?, où l'on découvre l'église et son histoire et des indices révélateurs du spectacle. Sur le parcours, il y a des confessionnaux où l'on peut faire de l'auto-confession et s'auto-pardonner. Il y a plein d'autres petites espiègleries le long du parcours mais je vous laisse les découvrir par vous-même, un verre à la main. La seconde est le spectacle circassien en tant que tel. Le troisième opus est constituée d'une soirée festive qui prolonge la fête au bar et au son de la musique disco.

Une ambiance festive... et mystérieuse
Dès l'entrée en salle, Machine de cirque plonge le spectateur dans une ambiance mystérieuse, voire mystique. L'éclairage est tamisé, l'environnement sonore est, dirait-on, néoreligieux. Un peu d'accordéon mais aussi des sons de carillon ou des vocalises qui font penser à celles des moines cloîtrés priant. Tout ça en superposition des discussions des spectateurs.

Il est d'ailleurs convié à s'asseoir en frontale dans des estrades ou de chaque côté du podium. L'attente n'est pas très longue et permet d'observer le lieu. Une sensation de vertige envahit le spectateur à la vue de cet impressionnant lieu magnifié par les structures circassiennes qui serviront au spectacle.

Crédit photo: Caroline Grégoire/Le Soleil

La profondeur de la salle est bien utilisé avec le podium qui va de la nef jusqu'au public en frontal. Celui-ci peut admirer le déploiement majestueux des artistes provenant de la nef. La position sur le côté du podium permet d'apprécier le contrôle et l'audace des numéros même si la vision, faut-il le dire, n'est pas la meilleure. L'appréciation de leur performance n'en est pas moins grande. Bien au contraire.

Un spectacle marquant
Grand-mess' est un spectacle marquant. Tous les numéros sont épatants et surprenants. Il est bien difficile de ne pas être impressionné par la diversité et la très grande audace de l'ensemble des numéros. Certain inédits. Presque tous à couper le souffle.

Le numéro des échelles est vraiment impressionnant. Le numéro du lampadaire surprend, sans être le plus époustouflant. La planche coréenne qui peut changer d'angle à volonté, ébahi. Les acrobates sont tout simplement extraordinaires et réussissent des prouesses audacieuses et surprenantes. L'artiste de la suspension capillaire fait la démonstration que l'on peut accomplir de grandes prouesses aériennes, même soutenue que par sa chevelure. Bref, toute la distribution impressionne et marque les esprits.

Crédit photo: Caroline Grégoire/Le Soleil

Tout cela dans un feu roulant où l'ensemble des artistes est perpétuellement, ou presque, sur scène. Il y a peu de temps mort dans une mise en scène où tout virevolte alors que les moments magiques se succèdent et que le spectateur en redemande. Les applaudissements furent nombreux d'ailleurs, pendant et après chacun des numéros. 

La soirée est complètement éclaté et déjanté pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Allez-y surtout si vous aimezêtre époustouflé, les spectacle où le présent revisite le passé, le cirque, être émerveillé.

Jusqu'au 24 février à l'église St-Charles de Limoilou.

Crédit photo: Caroline Grégoire/Le Soleil

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