mercredi 30 mars 2022

L'enfance de l'art - doigts d'auteur: de jolis «marmots croisés»

 La Bordée vous convie à une fête tendrement espiègle où la folie de la jeunesse et la naïveté de l’enfance trônent... ainsi que quelques doigts d'auteur.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Synopsis (tiré du site web de La Bordée)
Dans une fête à la fois tendre et polissonne, organisée par une jeune génération qui n’a pas grandi avec Sol et Gobelet, l’équipe d’ExLibris célèbre la parole et l’écriture de Marc Favreau. En fouillant les textes riches de sens et de drôlerie du créateur de Sol, ExLibris s’acoquine à des auteurs invités pour poursuivre l’art du maniement de la langue vers de nouveaux territoires. L’Enfance de l’art – Doigts d’auteur de Marc Favreau, c’est autant le plaisir et l’intelligence du verbe que l’étonnante cocasserie des situations. Les candides et les exclus célèbrent la pertinence de leurs propos dans ce coup de chapeau «esstradinaire» à l’auguste clochard.

Si on peut pas faire l’enfant quand on est petit, au moins faut le faire quand on est grand!

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Aller simple dans l'univers de Favreau
Le décor est sobre: des draps tendus, des guirlandes d’ampoules, quelques objets épars dans un joyeux capharnaüm et de jeunes comédiens prêts à nous servir de jolis «marmots croisés» presque tous tirés de l'oeuvre de Marc Favreau. Sans tomber dans la caricature, ils en sortent rapidement. Ils nous servent pour nous offrir un vibrant hommage où Marc Favreau lui-même, en capsule audio, ponctue le spectacle de quelques-unes de ses réflexions. Quelle belle idée de l’insérer en ouverture et fermeture du spectacle. L’hommage prend ainsi tout son sens.

L’enfance de l’art - doigts d'auteur est une chouette enfilade de courtes scènes pas piquées des vers. Tout y passe ou presque: cinéma, enfance, politique,… malheureusement parfois, et ce même si certains jeux de mots sont désopilants et sont presque tous de ou inspirés Favreau, il y manque un je-ne-sais-quoi pour les rendre aussi poétiquement beau que lorsqu'ils étaient dans la bouche du sympathique clochard philosophe qu'était Sol. Sans doute cette touche d'absurde où l'imaginaire s'imposait tant par les mots que l'image n'est-il pas aussi présent ici qu'autrefois. Où est-ce la nostalgie du spectateur autrefois attentif à l'univers de Sol et Gobelet qui affecte sa réceptivité à cet hommage? 

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Une solide distribution
C’est une excellente idée de ne pas avoir imité Favreau mais de reprendre le style pour l’adapter et en faire sa propre interprétation. N’est pas Favreau ou Sol qui veut, après tout. Cela offre la chance de voir un quintette de jeunes comédiens dans une charmante comédie poétique.

La distribution s’en tire fort bien en s’appropriant cet univers si particulier. Les mots sont croisés, triturés, transformés d’une belle manière par un quintette d'acteurs efficace. L’humour est bel et bien présent. Les rires fusent régulièrement. Et le spectateur y trouve son bonheur. Seule ombre au tableau les portions chantées. L’ensemble de la distribution n’étant pas des chanteurs, certains passages musicaux auraient dû être récités plutôt que chantés. 

Du côté des interprétations soulignons celle de Sophie Thibault, qui a remplacé à pieds levés Mary-Lee Picknell, victime de la COVID, de belle façon. 

Le spectacle est une fête tendrement espiègle où la folie de la jeunesse et la naïveté de l’enfance trônent. L’amour des mots et de la magnificence, même transformée, de notre belle langue s’y pointe le nez au plus grand bonheur des spectateurs. C’est un véritable festival langagier auquel on a droit et ça rend heureux et fier d’être francophone.

Crédit photo: Stéphane Bourgeois

Allez-y surtout si vous aimez: Favreau et son univers absurde, les festivals langagiers, les «marmots croisés» et revigorés.

Jusqu'au 9 avril à La Bordée. Avec Maxime Beauregard-Martin, Frédérique Bradet, Nicolas Gendron, Élie St-Cyr et Sophie Thibault en remplacement de Mary-Lee Picknell. Des textes de Marie-Lise Chouinard, Annie Cloutier, David Leblanc et Anne-Marie Olivier d'après l'oeuvre de Marc Favreau. Une mise en scène et une adaptation de Nicolas Gendron.

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
Suivez-nous quotidiennement sur Twitter: @Enfantsparadis et @Rob_Boisclair

Aucun commentaire:

Publier un commentaire