mercredi 16 mars 2022

L'envers: original et rythmé

Premier acte offre à ses spectateurs une soirée catastrophique dans un restaurant. Un spectacle original et rythmé où tout ce qui peut arriver... arrive!

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: David Mendoza Hélaine
Synopsis (tiré du site web de Premier acte)
L’envers nous plonge dans un restaurant en plein service. Une nouvelle serveuse en formation, une cheffe absente des cuisines, une salle pleine à craquer, des clients mécontents, la soirée vire tranquillement au cauchemar. Dehors, les constructions grondent et font vibrer le restaurant qui prend peu à peu des airs de champ de bataille. Si l’équipe est à couteaux tirés, tous luttent pour la même chose : survivre à ce service désastreux.

SANDRA
Un jeu!? Parce que pour toi c’est un jeu!? 

ALDO
Oui le service c’est un jeu, parfois ya des games plus plates, mais c’est de-même!

Comme au restaurant
L'entrée en salle se fait comme si le spectateur entrait dans un vrai restaurant. Les employés s'activent en mode préouverture, en salle et en cuisine. La fratrie travaille mais s'amuse également.

À gauche de la scène, une entrée fleurie, un bar, une caisse enregistreuse et des tables. À droite une table de boucher remplie d'accessoires et quelques étagères représentent la cuisine. Des objets épars se retrouvent un peu partout. Un certain capharnaüm règne. 

La scène et le public, comme souvent à Premier acte, sont très près l'un de l'autre. Les membres de la brigade et de l'équipe en salle sont fébriles  mais détendus. C'est le calme avant la tempête. Et tempête, il y aura. Le public discute tout en observant du coin de l'oeil le personnel du restaurant dans ses préparatifs. On pourrait presque croire que l'on est en mode apéro sur la terrasse en attendant notre place dans le restaurant.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Réjouissante comédie
L’envers s'intéresse à la face cachée d'un restaurant. Celle des jours parmi les plus sombres, Que se cache-t-il derrière les portes closes de la cuisine et le sourire des serveurs? Pas toujours de belles choses et pas que du bonheur et du plaisir. C’est ce que cette pièce propose pendant 1 heure 25, le pire et le meilleur d’un resto fictif.

Une comédie réjouissante avec cependant des hauts et des bas. La scénographie et la mise en scène sont les points forts du spectacle. Par un jeu de lumières astucieux, raie de lumières au sol et cones orange transformés en un système de luminaires muraux, le spectateur est entraîné dans les méandres d’une folle soirée au restaurant Gattuso. La mise en scène rythmée, malgré quelques noirs qui s'étirent en longueur, contribue efficacement à l'esprit déjanté de cette soirée catastrophique.

Tout s'y passe. Imaginez le pire et cela se produira dans la soirée que propose Blanche Gionet-Lavigne. Des moments complètement loufoques s'y produisent. Il faut cependant laisser sa logique au vestiaire pour adhérer à la réalité des protagonistes. L’écriture, si elle est intéressante par moments, souffre d'exagérations et de mises en situation par toujours très élaborées.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

De bons moments
L’envers propose une sorte de condensé de tout ce qui peut se produire à l'occasion d'une soirée catastrophe. La réalité de Dans l'eau chaude surpasse largement la fiction de ce spectacle. Il y a de la facilité ici. Pas de morale, pas de réflexions. Il y a comme un vide. 

Le retour en arrière avec une inversion de rôle, qui sert de dénouement au spectacle, est fort intéressant malgré la fausse finale qui le précède. L’auteure propose un renversement de situation ou ce qui est négatif tourne au positif. Ce qui était à l’envers reviens à l’endroit... enfin presque! Une belle démonstration que plus ça change et plus c'est pareil.

Plusieurs belle réparties, de belles images mentales et plusieurs jeux de mots savoureux émaillent le texte de Blanche Gionet-Lavigne. Elle a l'imagination fertile c'est certain. Quelques retouches au-delà l'anecdote feraient de L'envers un magnifique texte. On y passe toutefois un bon moment. C'est bon enfant et réjouissant.

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

De belles performances
Ce spectacle qui arrive alors que la deuxième saison des balados Dans l’eau chaude, excellente série audio qui est une immersion au coeur de véritables soirées catastrophes en compagnie de chefs renommés et qui est un coup de coeur des Enfants du Paradis, n’est pas le point d’orgue espéré. La réalité des aventures vécues par de vrais chefs de cette série est passablement plus vivifiante que la version théâtrale.

Tout n’est pas mauvais, bien au contraire. Le rire et la cocasserie s’y pointent souvent. On s’amuse de voir les protagonistes s’enliser dans les difficultés et tenter de s'en sortir. La distribution offre de belles performances et des moments savoureux et drôles. La pièce exige une certaine finesse d’exécution et la distribution relève le défi avec brio. On ne boude pas son plaisir à les voir s’extirper de leurs difficultés. Chapeau! 

Crédit photo: David Mendoza Hélaine

Allez-y surtout si vous aimez: rire du malheur des autres, découvrir une belle brochette de comédiens.

Jusqu'au 2 avril à Premier acte. Avec Laura Amar, Silviu Vincent Legault, Vincent Massé-Gagné, Nadia Girard Eddahia Jocelyn Paré et Maxime Perron. Un texte et une mise en scène de Blanche Gionet-Lavigne.

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

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