mardi 19 avril 2022

Un Carrefour international de théâtre haut en couleur!

 Avec dix spectacles en salle et trois spectacles à l’extérieur, il y en aura pour tous les goûts au Carrefour international de théâtre de Québec, cette année.

Un billet de Robert Boisclair (largement inspiré du communiqué de presse et du site web du Carrefour international de théâtre de Québec)
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis


Original dans ses accoutrements
2022 marque le retour des productions internationales: deux spectacles français, une co-production Québec-Londres, un spectacle américain et trois spectacles à saveur sud-coréenne, originaires de Belgique.

La programmation compte trois nouvelles créations, dont deux premières mondiales et accueille plusieurs grands noms de la scène contemporaine, tels que Joël Pommerat et Martin Crimp.

Cette année verra également une nouvelle création d'Où tu vas quand tu dors en marchant…?, dans un tout nouveau lieu avec de nouvelles équipes d’artistes.

Vivace et original dans ses accoutrements, le Carrefour propose un spectacle s'intéressant à la posthumanité, un autre où les acteurs performent dans un aquarium géant et un Shakespeare aux airs horrifiques en pleine forêt. Ce ne sont que quelques-uns des spectacles que vous pourrez découvrir ce printemps à Québec. Voici, en un bref résumé la programmation de cette 22e édition.


Désobéir
Création Julie Berès
Production Les Cambrioleurs
Brest

Crédit photo: Axelle Derusse

En bref
Quatre jeunes femmes dans la vingtaine, issues de l’immigration et vivant en banlieue parisienne, racontent comment elles ont dit non au racisme, au sexisme, au patriarcat et à la radicalisation. Une explosion d’énergie, de détermination et de passion.
26 au 28 mai • Théâtre La Bordée • En français • Tous publics à partir de 12 ans 

Synopsis
Ardentes, frondeuses, lumineuses, les quatre comédiennes de Désobéir portent cette pièce sur leurs épaules avec leur fougue de femmes qui refusent de se plier à ce qu’on attend d’elles et qui osent rêver mieux. D’origines camerounaise, iranienne, turque et kabyle, ces vingtenaires de la banlieue parisienne d’Aubervilliers, dont la plupart n’avaient jamais fait de théâtre, racontent leur histoire, entre passé douloureux et émancipation.

Leur point commun : elles ont dit non. Non aux nombreuses prisons qui empêchent les femmes de déployer leurs ailes : le respect des traditions familiales et religieuses, le mariage, le jeu de la séduction, l’obligation de plaire, le racisme, le machisme. Dans l’esprit du théâtre documentaire, leurs témoignages sont enrichis des récits récoltés auprès de quelque 80 jeunes femmes issues elles aussi de l’immigration et d’un milieu modeste, qui ont révélé aux créateurs et créatrices de la pièce leurs aspirations, leur lien à la famille, leur rapport à la désobéissance, leur soif de liberté et d’engagement… L’intime, ici, devient politique.

Sur une scène dépouillée qu’elles habitent avec une énergie décoiffante, les interprètes changent de peau en un clin d’œil, parfois soumises, parfois en pleine possession de leur affranchissement. Elles combinent monologues, passages choraux et danses salvatrices pour faire souffler un vent libérateur, s’émancipent par la parole, le mouvement, l’humour aussi. Sous le lourd couvercle de leur héritage culturel, on voit la révolte qui mijote, la colère qui bouillonne.  Et très vite, on s’attache à ces miraculées qui ont trouvé le salut dans le rejet de l’autorité pour tracer la voie qui leur semblait la meilleure : la leur.


White Out
Création Anne-Marie Ouellet
Production L’eau du bain
Chelsea

Crédit photo: Jonathan Lorange

En bref
Dans une chambre toute blanche, une femme confrontée à la disparition de l’être aimé se retrouve en proie à un white out. L’expression désigne la perte de repères causée par l’effet aveuglant d’un brouillard ou d’une tempête de neige. Saisissant et envoûtant.
27 au 29 mai • Salle Multi, coopérative Méduse • En français • Tous publics à partir de 12 ans

Synopsis
Une chambre blanche, au bord d’une mer noire. Une chambre toute blanche, dont les murs, le plancher et le plafond se confondent, et où trône un grand lit aux draps défaits. Dehors, le temps est mauvais. Dans la chambre apparaît une femme.

L’univers mis en scène est librement inspiré du roman La maladie de la mort, de Marguerite Duras. Elle écrit: «Il n’y a plus rien dans la chambre, que vous seule. Son corps a disparu. La différence entre votre amour et vous se confirme par son absence soudaine.» White Out prend sa source dans ce moment où le personnage constate l’absence de son amour. Les créateurs ont voulu déployer, faire vibrer, faire crier cette absence, la creuser, voir tout ce qui peut s’y tapir, et comment, peu à peu, elle finira par s’estomper.

L’expression white out qu’on pourrait traduire par voile blanc, fait référence à certains phénomènes météorologiques, tempête de neige très forte ou brume maritime intense, qui effacent l’environnement et font disparaître tout repère spatial. Ici, cet effet est recréé par la lumière et le son; il se développe en ouverture de la représentation, illustrant de façon spectaculaire l’hiver des sentiments, le vide intérieur abyssal dans lequel peut sombrer un être humain lorsque les structures de sa vie s’effondrent, à cause d’un chagrin d’amour, un deuil ou un état dépressif. Le résultat est saisissant, hypnotique, à la fois terrible et magnifique.

Une fillette viendra calmer la tempête et briser la solitude de la femme. Qui est-elle? Sa fille? Celle d’une amie? Son double enfant qui la visite en songe? Peu à peu, elle ramènera la vie dans la chambre…


I/O
Création Dominique Leclerc
Production Posthumains
Montréal


En bref
Dominique Leclerc construit sur scène une archive destinée aux humains de demain, composée d’objets désuets et de récits qui célèbrent notre fragilité, entremêlant passé et présent, autofiction et documentaire. Une invitation sensible et ludique à inventer d’autres futurs.
31 mai au 2 juin • Salle Multi, coopérative Méduse • En français et en anglais, surtitré en français

Synopsis
On appelle input/output (entrée-sortie) les échanges d’informations entre le processeur et les périphériques qui lui sont associés, par exemple, ce qui entre dans un ordinateur via le clavier versus ce qui en sort via l’écran. Sur scène, hormis la prestation en soi et sa réception par les spectateurs, l’input peut se faire techniquement avec un micro, une caméra, l’output à travers les haut-parleurs et les écrans. La relation avec le public se construit aussi par ce genre d’aller-retour. L’expression fait également référence ici aux récits et aux rituels qui nous ont formés et à ceux que nous façonnons à notre tour…

Prolongement et non pas suite de Post-Humains, où elle nous racontait son incursion dans l’univers du transhumanisme, Dominique Leclerc poursuit sa fascinante démarche de façon plus personnelle, plus intime, un brin nostalgique. Face à l’ampleur toujours grandissante des technologies visant à améliorer la machine du corps, à refuser le vieillissement, la maladie et la mort, la créatrice construit en direct sur scène une archive destinée aux humains de demain. Composé d’objets désuets et de récits qui célèbrent notre fragilité, notre inévitable obsolescence et notre incontournable finitude, ce legs sensible et ludique offre un pas de recul face à la transformation de notre espèce. Sommes-nous la dernière génération issue de la génétique du hasard?

Le spectacle est fait de trois trames narratives qui allient récit, autofiction et documentaire, le passé, le présent et l’avenir. Son autrice qualifie l’entreprise de «science-friction»: s’y entrechoquent l’évocation de jouets et de techniques de la fin du siècle dernier, la récente mort de son père en plein confinement et les témoignages filmés d’adeptes du transhumanisme avec leurs visions futuristes. L’ensemble, à la fois amusant, étonnant et touchant, crée un espace de réflexion intimiste aux lisières du réel et de l’imaginaire et constitue une invitation aussi tendre que lucide à inventer d’autres futurs.


 Not One of These People/Pas une de ces personnes
Création Martin Crimp et Christian Lapointe
Production Carte blanche
Québec-Londres


En bref
L’auteur britannique Martin Crimp livre en première mondiale une lecture-performance de son plus récent texte, appuyé par une vidéo deepfake générant les visages fictifs de 299 personnages. Christian Lapointe assure la mise en scène du spectacle et en sera l’interprète lors des représentations des 2 et 3 juin. Un événement exceptionnel!
1 juin • Théâtre La Bordée • En anglais, non-surtitré
2 et 3 juin • Théâtre La Bordée • En français, non-surtitré
PREMIÈRE MONDIALE

Synopsis
Voici le plus récent texte du dramaturge britannique Martin Crimp, livré en grande première mondiale par l’auteur lui-même, dans la langue originale, pour une représentation unique et exceptionnelle. Christian Lapointe, électron libre du théâtre québécois, qui a déjà traduit et mis en scène plusieurs pièces de Crimp, signe ici la conception de cette lecture-performance et donne lui-même les deux représentations suivantes, en français, dans une traduction de son cru.

La pièce est faite de 299 répliques, dites par autant de personnages. Elle constitue une sorte d’hommage à la multiplicité des points de vue et à l’infinie variété de l’expérience humaine. Rassembler ces 299 voix en un seul interprète pourrait-il suggérer que chacun de nous est multiple et contiendrait en quelque sorte la totalité de l’humanité?

À partir d’un procédé qu’on appelle l’hypertrucage, en anglais deepfake, Lapointe et son équipe ont mis au point un dispositif vidéo qui anime des images de visages générés par des algorithmes, visages de personnes qui, comme celles inventées par l’auteur, n’existent pas mais paraissent réelles et étonnamment vraies. Et ce sont ces personnes fictives qui s’expriment à travers l’interprète, chacune des répliques semblant sortir de leur bouche alors qu’elles proviennent en réalité de celle du lecteur. Ces voix qui se font entendre l’une après l’autre sont aussi comme des vignettes ouvertes sur l’intimité de figures fictionnelles qui rappellent les opinions de tout un chacun exprimées sur les médias sociaux.

L’œuvre pose également la question devenue cruciale de la légitimité de la fiction littéraire aujourd’hui, en particulier dans le théâtre actuel. Qui peut faire parler qui? Qui peut jouer qui? Où s’arrête la liberté artistique?

Je ne suis pas l’une de ces personnes. Aucune de ces personnes n’existe.


Le virus et la proie
Création Pierre Lefebvre et Benoît Vermeulen
Production Nouveau Théâtre Expérimental
Montréal

Crédit photo: Christine Bourgier

En bref
Un flamboyant réquisitoire contre le «système» adressé directement à ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent, comme s’ils étaient un seul homme. Mais il est impossible d’établir un dialogue avec ce Monsieur… Une parole puissante incarnée par des interprètes formidables.
3 au 5 juin • Théâtre Le Diamant • En français

Synopsis
Flamboyant réquisitoire contre la violence du pouvoir, le pouvoir politique mais aussi celui de l’argent, le texte se présente à l’origine sous la forme d’une lettre adressée à «Monsieur» sans autre nom ou qualificatif qui pourrait l’identifier. L’auteur, longtemps directeur de la revue Liberté, s’insurge avec une grande lucidité, un brin d’ironie et beaucoup de style, contre le fait qu’il n’existe aucun moyen d’établir un dialogue ou même d’être entendu par ce Monsieur.

Destinataire impossible à personnaliser, il représente et englobe tout ce qui possède le pouvoir et l’argent et établit les règles du jeu: ce qu’on appelle «le système». On parle ici des grands joueurs de l’économie mondiale mais aussi des élus qui nous représentent et qui jouent leur jeu plutôt que de servir nos intérêts. Le libéralisme économique imprègne à un point tel toutes les sphères de nos vies, y compris notre vie privée, notre sensibilité, notre imaginaire, qu’on ne peut pas y échapper: il faut être un «gagnant». Même l’expression artistique est assujettie aux lois du commerce et applique les principes de gouvernance de la grande entreprise. Ne parle-t-on pas maintenant d’industrie culturelle?

Le spectacle se déploie sur un plateau dépouillé, sculpté par la lumière, laissant toute la place au jeu et à la parole. On pourrait craindre une entreprise aride mais le texte est tout, sauf sec: c’est une écriture ancrée dans le corps, vivante, charnelle, aux images fortes et sensibles, livrée dans une langue très parlée, immédiatement compréhensible. La partition est répartie entre les quatre interprètes, deux acteurs et deux actrices, dont la mise en scène a fait quatre personnages différents qui s’adressent directement au public. Ils et elles se sont magnifiquement appropriés le discours, qu’ils livrent avec conviction et avec beaucoup d’invention et de nuances, tantôt provoquant l’indignation, tantôt générant l’adhésion.

Et si l’art était la seule vraie opposition possible?


Holoscenes
Création Lars Jan
Production Early Morning Opera
Los Angeles


En bref
Une grande boîte vitrée sise au coeur de la cité se transforme en aquarium géant lorsque plusieurs tonnes d’eau la remplissent soudainement, immergeant les interprètes qui s’y livrent à des occupations quotidiennes. À la fois magnifique et terrifiant.
5 au 9 juin • Place D’Youville • GRATUIT / Extérieur
EN CONTINU, DE 17H À 22H

Synopsis
Installation performative de grande envergure, Holoscenes se déploie dans une immense boîte rectangulaire vitrée, sise au cœur de la ville. Des scènes de la vie quotidienne s’y déroulent: l’un lit son journal en buvant son café, l’autre lave le plancher et les vitres, joue de la guitare ou fait son lit. Le dispositif se transforme soudainement en aquarium géant quand 13,000 litres d’eau le remplissent en quelques minutes, immergeant les interprètes qui l’occupent. Certains tentent, en vain, d’ignorer la situation ou de la fuir, mais la plupart essaient tant bien que mal de s’y adapter.

Il s’agit évidemment de la représentation poétique d’une éventuelle rapide montée du niveau des eaux que pourraient générer les changements climatiques en cours, auxquels nous nous adaptons petit à petit et un peu malgré nous. La menace est bien réelle mais elle demeure abstraite ou elle paraît encore lointaine, en dépit des avertissements des scientifiques. Ou peut-être que notre formidable capacité d’adaptation finit par nous désensibiliser? La performance, à la fois fascinante et terrifiante, nous fait ressentir le danger de façon viscérale et non plus de manière intellectuelle seulement. On retient son souffle…

Holoscenes est une expérience contemplative et sensorielle qui ne comporte aucun récit, texte ou dialogue. Le titre réfère à l’ère géologique actuelle, dite holocène, en cours depuis maintenant 11,000 ans. La performance se déroule en continu et s’étend sur 5 heures en tout. Chaque représentation regroupe 4 des 7 différents segments existants. Chacun d’entre eux est constitué de variations sur le même thème et dure plus ou moins une heure. Il n’y a pas de suite chronologique à l’intérieur ou entre ces segments. L’accès est libre et gratuit, sans places réservées.


L'heure bleue
Création David Bouchard et Maxime Robin
Production La Brute qui pleure et La Vierge folle
Québec


En bref
Adaptation québécoise contemporaine du Hamlet de Shakespeare embrassant les codes de l’horreur et du fantastique, L’Heure bleue est une expérience théâtrale atypique qui se déroule en plein air, dans un boisé, au crépuscule. Frissons garantis!
6 au 11 juin • Centre de plein air de Beauport / Extérieur • En français • Tous publics à partir de 14 ans
PREMIÈRE MONDIALE

Synopsis
Adaptation québécoise contemporaine du Hamlet de Shakespeare, L’heure bleue embrasse les codes de l’horreur et du fantastique et évacue la trame politique de l’œuvre originale pour se concentrer sur la dimension humaine de l’intrigue.

Il s’agit d’une expérience théâtrale atypique qui se déroule en plein air, dans un boisé, au crépuscule. Cette immersion en pleine nature à la tombée de la nuit renforce le côté brut, un peu sauvage, un peu étrange de la pièce; la présence de la végétation crée une atmosphère inquiétante et confère une texture toute particulière au jeu des interprètes, à leurs mouvements et à leurs voix, ainsi qu’à la trame musicale et à la lumière, qui pourraient vous donner le frisson.

Le personnage d’Hamlet avec son célèbre «to be or not to be» a traversé les âges. Il devient ici Junior, un jeune homme d’aujourd’hui déchiré entre être et ne pas être, entre faire et ne pas faire. Depuis la mort de son père, Junior n’est plus le même. Un peu paranoïaque, parfois violent, il s’isole, s’éloigne de sa mère qui fréquente déjà un autre homme: son oncle…  Un soir, dans la forêt, Junior et ses amis découvrent le fusil de chasse de son père, très loin de l’endroit où son corps a été retrouvé. Est-ce un signe? Un message? Une mauvaise blague?

Junior se retrouve confronté au doute, à son incapacité à passer à l’action et à sa crainte des désolantes conséquences que ses gestes pourraient engendrer. Il doit donc choisir s’il accepte le monde qui l’entoure ou s’il le rejette: choisir entre l’adulte et l’enfant, entre raison et folie, entre le jour et la nuit. Mais l’incertitude le paralyse…

L’heure bleue est une création de David Bouchard et Maxime Robin, produite par leurs compagnies respectives, La brute qui pleure et La vierge folle, toutes deux basées dans la ville de Québec. Le Carrefour vous accueille dans un espace extérieur aménagé, muni de gradins. Prévoyez des vêtements chauds!


William Shakespeare's as You Like It: A Radical Retelling by Cliff Cardinal
Création Cliff Cardinal
Production Crow’s Theatre
Toronto


En bref
Cliff Cardinal, auteur, acteur et metteur en scène originaire des Premières Nations, subvertit la pièce de Shakespeare pour en faire un spectacle actuel et explosif, à la fois désopilant et confrontant. Attendez-vous à l’inattendu!
7 et 8 juin • Théâtre La Bordée • En anglais, surtitré en français

Synopsis
Cliff Cardinal est un auteur, acteur et metteur en scène d’origine autochtone, né sur la réserve de Pine Ridge au Dakota. Il vit aujourd’hui à Toronto, après avoir reçu sa formation à l’École nationale de théâtre à Montréal. Mais quand on lui demande s’il est Américain ou Canadien, il répond : «Neither. I’m an Indian.» En une quinzaine d’années, il est devenu une star du théâtre canadien-anglais. On lui doit plusieurs spectacles «choc», dont le formidable Huff qui s’est mérité de nombreux prix et a été présenté plus de 200 fois, entre autres au Théâtre Périscope en 2016.

Dès son titre, la pièce nous invite à une interprétation libre et ouverte. Le monde entier est un théâtre, nous dit Shakespeare dans As you like it, qui propose une variation sur l’amour, l’amitié et le pouvoir à travers le jeu des artifices et des conventions théâtrales. L’action se déroule dans une forêt, espace de liberté où tout est permis. Il y est question d’exil, d’identité, de frères ennemis, d’usurpation d’un royaume. Évidemment, Cliff Cardinal subvertit la pièce, la fait dévier de sa trajectoire et en propose une adaptation détonante, qui allie humour noir, propos troublants et émotion brute.

L’être humain peut-il changer la dynamique de l’histoire? Les comédies de Shakespeare sont souvent des tragédies déguisées. L’ironie y est omniprésente, ainsi que l’intention d’éveiller la conscience politique du public. À son époque, Shakespeare écrivait des pièces se situant dans le passé mais dans le but d’influencer le présent : la création de Cliff Cardinal actualise ce dessein avec beaucoup d’esprit, de cœur et d’audace


The History of Korean Western Theatre (La trilogie Hamartia)
Création Jaha Koo
Production CAMPO
Gand


En bref
La Corée vient de fêter le 100e anniversaire de son théâtre «national» au répertoire tout occidental, où les interprètes blanchissent leur peau et portent des perruques blondes. Où sont passés les arts vivants traditionnels? Une magnifique méditation visuelle et poétique.
8 et 9 juin • Salle Multi, coopérative Méduse • En coréen et en anglais, surtitré en français et en anglais

Synopsis
La Trilogie Hamartia est constituée de trois courtes pièces solos performées par son auteur, Jaha Koo, artiste multidisciplinaire d’origine sud-coréenne basé en Belgique. Le mot hamartia vient de la tragédie grecque et désigne la «faute commise par le héros, qui provoquera sa chute». Les spectacles constituent un tout mais peuvent tout à fait être appréciés indépendamment. Il n’y a pas d’ordre chronologique.

Théâtre d’inspiration documentaire, historique et autobiographique d’une inventivité exceptionnelle. Trois petites perles truffées d’humour et de poésie qui allient la justesse technologique, la sensibilité du propos, une critique sociale acérée mais bienveillante et une profonde humanité.

The History of Korean Western Theatre pose la question de l’occidentalisation du théâtre coréen, qui vient de fêter son 100e anniversaire et dont la production est principalement constituée d’œuvres d’auteurs occidentaux comme Shakespeare et Molière. La culture mondialement dominante a étouffé les expressions locales traditionnelles, empêchant par le fait même l’épanouissement d’une dramaturgie nationale. Dans une méditation poétique et visuelle d’une grande beauté sur la mémoire et l’oubli, l’artiste dialogue avec le souvenir de sa grand-mère, avec un crapaud en origami et avec le Cuckoo nommé Seri, qui a pris goût à la scène et à la tournée…


Lolling and Rolling (La trilogie Hamartia)
Création Jaha Koo
Production OFFICENEINOFFICE
Gand

Crédit photo: Marie Clauzade

En bref
Louler ou rouler? L’apprentissage de la langue anglaise est obligatoire en Corée du Sud. Mais l’organe phonatoire des Coréens a du mal à prononcer certains sons, entre autres, à différencier le R et le L… Une performance documentaire inventive et touchante.
10 et 11 juin • Salle Multi, coopérative Méduse • En coréen et en anglais, surtitré en français et en anglais

Synopsis
La Trilogie Hamartia est constituée de trois courtes pièces solos performées par son auteur, Jaha Koo, artiste multidisciplinaire d’origine sud-coréenne basé en Belgique. Le mot hamartia vient de la tragédie grecque et désigne la «faute commise par le héros, qui provoquera sa chute». Les spectacles constituent un tout mais peuvent tout à fait être appréciés indépendamment. Il n’y a pas d’ordre chronologique.

Théâtre d’inspiration documentaire, historique et autobiographique d’une inventivité exceptionnelle. Trois petites perles truffées d’humour et de poésie qui allient la justesse technologique, la sensibilité du propos, une critique sociale acérée mais bienveillante et une profonde humanité.

Lolling and Rolling traite de la langue, dans les deux sens du terme. Une intervention chirurgicale répandue en Corée du Sud consiste à couper le frein lingual afin d’améliorer la prononciation de l’anglais et permettre de rouler les R plutôt que de les assimiler aux «L». S’appuyant sur son propre apprentissage de cette langue et sur des archives vidéos d’époque, qu’il manipule comme un VJ, l’artiste amorce une réflexion sur l’impérialisme culturel occidental, plus particulièrement américain, mais aussi sur ses déclinaisons japonaise et sud-coréenne, qui ont en commun d’avoir voulu gommer les spécificités nationales et de faire taire les minorités et les classes inférieures.


Cuckoo (La trilogie Hamartia)
Création Jaha Koo
Production Kunstenwerkplaats Pianofabriek
Gand


En bref
De la marque coréenne la plus répandue, ces autocuiseurs à riz parlants servent de métaphore à la pression exercée sur la société; ils donnent la réplique à l’artiste, qui questionne le désarroi de ses contemporains dans son pays d’origine. À la fois plein d’humour et bouleversant.
10 et 11 juin • Salle Multi, coopérative Méduse • En coréen et en anglais, surtitré en français et en anglais

Synopsis
La Trilogie Hamartia est constituée de trois courtes pièces solos performées par son auteur, Jaha Koo, artiste multidisciplinaire d’origine sud-coréenne basé en Belgique. Le mot hamartia vient de la tragédie grecque et désigne la «faute commise par le héros, qui provoquera sa chute». Les spectacles constituent un tout mais peuvent tout à fait être appréciés indépendamment. Il n’y a pas d’ordre chronologique.

Théâtre d’inspiration documentaire, historique et autobiographique d’une inventivité exceptionnelle. Trois petites perles truffées d’humour et de poésie qui allient la justesse technologique, la sensibilité du propos, une critique sociale acérée mais bienveillante et une profonde humanité.

Cuckoo est la marque de cuiseurs à riz la plus répandue en Corée du Sud. Le spectacle évoque l’énorme pression opérée par le système économique sur la société, entre autres dans le monde du travail, depuis la crise des années 90 qui avait provoqué alors de violentes manifestations. Le chômage et l’isolement social, qui plus est dans un univers hautement technologique, ont engendré un désarroi qui perdure, surtout parmi la jeunesse, rendant la dépression et le suicide endémiques. Le créateur est accompagné sur scène de trois cuiseurs à riz, qui illustrent cette pression de façon métaphorique, et dont la verve est tout à fait réjouissante en dépit du sujet traité.


Contes et légendes
Création Joël Pommerat
Production Compagnie Louis Brouillard
Paris

Crédit photo: Élisabeth Carecchio

En bref
L’inclassable créateur signe ici sa nouvelle production, une fiction d’anticipation à l’esthétique légèrement futuriste, sur la construction de soi à l’adolescence et le mythe de la créature artificielle. Une autre de ses fables déroutantes et captivantes.
9 au 11 juin • Théâtre Le Diamant • En français • Tous publics à partir de 14 ans

Synopsis
Joël Pommerat poursuit son observation des valeurs et des identités contemporaines en se tournant vers l’avenir et vers cette période particulière qu’est l’adolescence. Il associe ce moment de construction de soi au mythe de la créature artificielle, en mettant en scène un monde légèrement futuriste dans lequel les êtres humains cohabiteraient avec des robots. Contes et légendes explore une série d’interactions sociales, familiales et affectives entre des adolescents, des adultes et des robots androïdes intégrés à leur quotidien.

Comme on fait des expériences en laboratoire, avec le plus de concret et de précision possible, Joël Pommerat questionne nos représentations de nous-mêmes et observe ce que ces êtres artificiels pourraient révéler ou modifier dans nos relations et nos constructions humaines. Déjà présente dans sa réécriture de Pinocchio, pantin adolescent rebelle lancé sur le chemin de l’humanité, cette question de l’identité et du devenir prend ici une couleur plus troublante encore. Différents niveaux de présence et de vérité se mêlent sur scène pour confronter le spectateur à la complexité des émotions, à l’ambiguïté de notions telles l’authenticité ou le mensonge et à la violence persistante de certaines normes sociales.

Sans tenir de discours sur les progrès ou les dangers de l’intelligence artificielle ni céder au sensationnalisme de la science-fiction, Contes et légendes donne à éprouver ces troubles à travers une mosaïque d’instants sensibles et drôles. Dans l’enchantement du théâtre, adolescents en crise et androïdes invitent à toutes les simulations et reconfigurations possibles. Traitant la fiction d’anticipation comme un fait réel et documentaire, Joël Pommerat renouvelle une fois encore cette inquiétante étrangeté teintée de philosophie qui fait la singularité de son théâtre depuis plus de vingt-cinq ans.


Où tu vas quand tu dors en marchant...?
Dévoilement le 19 mai 2022
Nouvelle création, nouveau lieu

En bref
Pour cette 7e édition, Où tu vas quand tu dors en marchant…? s’emparera d’un lieu inusité de la ville de Québec, en périphérie du centre-ville, pour implanter cinq univers inédits. Ce nouvel événement donne naissance à des duos et à des trios inattendus d’artistes de Québec issus de diverses disciplines. Tous se sont donnés corps et âme pour vous offrir un spectacle déambulatoire époustouflant, avec une centaine d’artistes et interprètes qui sauront vous captiver, vous faire rêver et vous faire rire.
26 mai au 11 juin, les jeudis, vendredis et samedis, de 21h à 23h
ÉVÈNEMENT EXTÉRIEUR
GRATUIT

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

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