vendredi 8 avril 2022

Ghost Light, entre la chute et l'envol: drôle, énergique, vivifiant

L’art circassien de Ghost Light: entre la chute et l'envol vous scotche à votre siège. Un spectacle époustouflant à découvrir dans l’écrin du Diamant.

Une critique de Robert Boisclair
Twitter: @Rob_Boisclair et @Enfantsparadis

Crédit photo: Emmanuel Burriel

Synopsis (inspiré du  du communiqué de presse et des sites web du Diamant et de la Tohu)
Connaissez-vous le mythe de la «Ghost Light»? Lorsque les théâtres sont fermés, c’est l’ampoule qui permet d’éclairer la scène. On dit qu’elle permet aux fantômes de faire leur spectacle, pour qu’à la réouverture des salles, ils laissent les humains tranquilles.

Cette superstition a inspiré Maxim Laurin et Ugo Dario, cofondateurs de Machine de Cirque, dans leur dernière création, Ghost Light : entre la chute et l’envol au Diamant. Forts de leur collaboration depuis plus de 10 ans, les interprètes explorent le thème du duo dans ce spectacle intime où la planche coréenne est centrale.

Pour moi, ça symbolise tellement de choses, une bascule. Le fait qu’il y ait deux personnes dessus, ça représente l’équilibre. Si l’un part, l’autre tombe. Plein de choses émanent de cet appareil-là.
Maxim Laurin, coauteur, cometteur en scène et interprète

Le rideau tombe. Le théâtre est plongé dans le noir. Une seule lumière veille : la servante, aussi appelée «Ghost Light». Les fantômes qui habitent les lieux sont attirés par elle. Retrouvant l’énergie d’une vie passée, ils se poussent, se repoussent, s’amusent, se déchirent et s’étreignent à nouveau.

Forts d’une collaboration de plus de dix ans sur les scènes du monde entier, Maxim Laurin et Ugo Dario nous entraînent dans un récit captivant où se mêlent prouesses acrobatiques, chorégraphies, lumières fantomatiques et musique vivante. Ils offrent un regard personnel sur la vie en duo. La bascule les propulse l’un vers l’autre dans l’euphorie de l’envol, la légèreté de l’apesanteur et la fatalité de la chute. Le fait que la bascule de «Ghost Light» tourne rend l’appareil complètement nouveau et le défi encore plus difficile. Des micros sont également installés sur le dispositif, afin de le mettre en valeur au maximum. Ainsi, le public pourra expérimenter des perspectives plus rares.

Étant donné que c’est une discipline dangereuse et physiquement très demandante, je ne pourrai pas faire ça toute ma vie. Avec Maxim, c’était le temps de le faire.
Ugo Dario, coauteur, cometteur en scène et interprète

Bien qu’il y aura des prouesses techniques au cours du spectacle, une place importante est accordée à la dramaturgie, où les interprètes se mettent en scène.

Crédit photo: Emmanuel Burriel

À l’orée de la nuit tout bascule
Quelle belle production que ce Ghost Light: entre la chute et l'envol! Un spectacle où le cirque rencontre le théâtre et la gymnastique, auxquels s’ajoutent un zeste d’humour, une pincée de d’art clownesque et une once de poésie. Un mélange qui peut sembler indigeste à prime abord mais ce n’est pas du tout le cas. Tout s’imbriquent merveilleusement et séduit le public, qui s’est levé d’un bond en fin de spectacle le soir de première.

Le spectateur entre en salle alors que le système d’éclairage est bien visible. Au centre de la scène une planche coréenne, aussi appelée bascule, trône.  Elle sera le lieu de tous les tours et de moult saltos aériens avec double et même triple vrille.

Une sentinelle, ou «Ghost Light», est amenée sur scène. Le système d’éclairage disparaît dans le plafond du théâtre. Deux ombres apparaissent derrière le rideau blanc du fond de scène par un savant jeu de lumières. Des sons étranges se font de plus en plus entendre. La nuit vient de tomber dans le théâtre et les fantômes peuvent s’animer et s’amuser avant le retour du jour.

L’ambiance est fantomatique et les deux spectres apparaissent subitement au centre de la scène. Ils pourront s’en donner à cœur joie et s'amuser autour et sur cette bascule qui les intrigue.

Crédit photo: Emmanuel Burriel

Le spectacle peut commencer… grand, petit, petit, petit, ah!, grand, petit, petit, petit, oh! Les artistes se bousculent, se provoquent, font des cabrioles tout en scandant ces mots à répétition avant de s’exécuter de sublimes manières sur la planche coréenne tournante. Ils sont épatants et offrent des saltos aériens époustouflants.

Ce spectacle fait donc découvrir ce qui peut se passer quand les spectateurs ont quittés la salle. À l'orée de la nuit tout bascule. Plus rien n'est pareil. Les spectres, les fantômes prennent possession de la scène et des accessoires. L'univers scénique n'est plus celui que l'on connaît.

Le spectacle se conclue par le retour du système d’éclairage annonçant l'arrivée du matin et le départ des deux fantômes fans de planche coréenne. La boucle est bouclée en 55 minutes top chrono. Un moment bien trop court alors que le public en aurait pris bien plus.

Crédit photo: Emmanuel Burriel

Du cirque très haut en couleurs
Les pirouettes et les saltos prennent leur envol très, très haut. La chute n'en est que plus surprenante. Dario et Laurin, l'un des plus vieux duos de planche coréenne au monde, épatent par leur dextérité, leur audace et leur immense talent de planchiste. Ils sont magnifiques. 

L’environnement sonore et l’éclairage majoritairement en clair obscur créent une ambiance à la fois fantomatique et poétique dans un spectacle à la virtuosité désarmante. Soulignons particulièrement le travail de Bruno Matte à la magnifique conception des éclairages. Les clairs obscurs se parent de plusieurs couleurs magnifique tout au long du spectacle créant un superbe effet fantomatique. 

Parmi les numéros les plus mémorables, mentionnons cette valse avec la planche coréenne, oui, oui, la planche. Un superbe moment poétique. Et ce n'est qu'un des merveilleux moments que nous offre cet extraordinaire duo.

Le bal fantasque que propose Machine de cirque est drôle, énergique, vivifiant. Vous ne verrez plus jamais la planche coréenne de la même façon.

Crédit photo: Emmanuel Burriel

Allez-y surtout si vous aimez: être ébahi, le cirque qui s’acoquine avec d’autres arts, les performances techniques époustouflantes, les spectacles qui vous scotchent à votre siège.

Jusqu'au 9 avril au Diamant. Avec Maxim Laurin et Ugo Dario. Un texte et une mise en scène de Maxim Laurin et Ugo Dario.

Les Enfants du paradis est un blogue qui s'intéresse au théâtre, à la danse et au cirque de Québec. Vous y trouverez des critiques, des informations concernant les lancements de programmation ainsi que des nouvelles d'actualité. Un blogue à consulter régulièrement.

Bon théâtre, bonne danse et bon cirque!
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